Entrevue avec M. Gaston Bélanger

Par Jocelyne Mayrand

Un ancien combattant toujours en mission

En novembre dernier, l’honorable Pierre Duchesne, lieutenant-gouverneur du Québec, débarquait à Rouyn-Noranda pour reconnaître l’engagement, la détermination et le dépassement de soi de concitoyens.

À cette occasion, M. Gaston Bélanger d’Évain recevait la Médaille du Lieutenant-gouverneur pour les aînés (argent) aux côtés de Mme Georgianne Poiré qui recevait le même honneur. Les récipiendaires de la médaille d’argent ont exercé un rayonnement appréciable dans leur communauté par leur action bénévole, et ceci au-delà de l’âge de 64 ans.

C’est un accueil chaleureux que m’accorde cet homme de 86 ans qui sait encore très bien occuper ses journées. Son bureau est une pièce qui fourmille de dossiers et de classeurs où tout est rangé et à sa «main». Même si ses implications lui ont valu médailles et reconnaissance, il affirme qu’il était bien étonné lorsqu’on l’a invité à la cérémonie de remise des Médailles du Lieutenant-gouverneur.

M. Gaston Bélanger
M. Gaston Bélanger recevant la Médaille du Lieutenant-gouverneur pour les aînés

En 2009, M. Gaston Bélanger est toujours président de la filiale 188 de la Légion royale canadienne à Rouyn-Noranda qu’il a pris en charge dès sa mise sur pied en 1947. Son implication dans cet organisme, fondé en 1926 après la Première Guerre mondiale, est constante. Par son poste de président, il participe à tous les comités : recrutement, aînés, jeunesse, entraide, campagne du coquelicot et autres comités ponctuels.

La Légion est un organisme à but non lucratif qui assure son financement par sa campagne annuelle du coquelicot du 11 novembre et par les cotisations de ses membres. C’est la générosité des Canadiens qui lui permet de s’assurer que nos anciens combattants et les personnes à leur charge sont entourés de soins attentifs et traités avec le respect qu’ils méritent. Cet organisme s’occupe de promouvoir le «souvenir» rappelant aux Canadiens et Canadiennes les 117 000 hommes et femmes qui ont donné leur vie durant les guerres et les missions militaires partout dans le monde. La Légion compte 370 000 membres* qui sont militaires, conjoints, enfants de militaires et plus encore.

M. Bélanger se consacre aussi à transmettre aux jeunes son «expérience de la guerre». Loin de faire la promotion de la guerre, il explique pourquoi il s’est porté volontaire et pourquoi nous devons défendre notre liberté. Ce vétéran a déjà à son actif de nombreuses visites dans les écoles primaires et secondaires de la région. Lorsqu’il arrive devant ces jeunes, il se présente et les invite à lui exprimer leurs connaissances des guerres du passé. Puis, il continue ainsi : «Je vais vous parler de ce que j’ai vécu à la guerre.» Son propos est soutenu par des souvenirs et de nombreux objets qu’il a rapportés de son périple en Europe. De ces objets se trouve un drapeau nazi. «Je l’ai ramassé là, sur le champ de bataille. Il est dans le même état que lorsque je l’ai trouvé. Jamais je ne le nettoierai, c’était une sale guerre.» M. Bélanger souligne le désir des jeunes d’en apprendre plus à ce sujet. Ils posent beaucoup de questions. Encore aujourd’hui, ce que les anciens combattants ont vécu demeure méconnu.

Pendant quelques temps, M. Bélanger et des collègues ont offert des ateliers de menuiserie à des jeunes qui vivent des difficultés d’apprentissage. Ils leur montrent à se servir des outils pour réaliser un projet. Un de ces jeunes, particulièrement nerveux et anxieux, lui dit un jour au début d’un atelier : «J’ai pratiqué avec mon grand-père et aujourd’hui c’est moi qui coupe le bois.»

C’est à l’âge de 19 ans, en 1943, que M. Bélanger s’engage dans l’aviation (Air Force) mais les événements font qu’il se retrouve dans l’armée régulière. Ce revirement est dû à la nécessité de sa présence pour une transfusion sanguine lors de l’opération de sa sœur. Son départ est ainsi retardé et pour une raison administrative, il rejoint malgré lui l’armée régulière. «Au lieu de devenir pilote d’avion, j’suis devenu un chauffeur de camion.»

Il passe environ deux ans en Europe au cours de la Seconde Guerre mondiale. Dans son groupe, on le surnomme Frenchy, c’est le seul Canadien français. «Dans l’armée canadienne, encore aujourd’hui, ceux qui vont au front sont volontaires pour y aller. Dans les temps de guerre, l’enrôlement est obligatoire pour le service au pays

M. Bélanger à 19 ans
M. Gaston Bélanger à 19 ans, au début de sa carrière militaire

À son retour en région en 1946, il traîne avec lui une blessure au dos. Il s’unit à Rita Gaudet et fonde une famille. En 1974, alors qu’il habite dans le quartier des vétérans à Rouyn-Noranda (rues Pinder et Montréal Ouest), il fait l’acquisition d’un terrain dans les rangs 5 et 6 Est à Évain. La famille emménage dans une nouvelle maison au cours de l’été 1975.

*www.legion.ca

Article paru dans le journal Ensemble pour bâtir, avril 2009.
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