Notes de lecture: Traverser la nuit

Traverser La Nuit

Par Julianne Pilon

Dans son dernier roman, Marie Laberge vous invite à « Traverser la nuit » avec Emmy, une femme que la vie sans amour, sans tendresse, a enfermée en elle-même, incapable de vraiment communiquer avec son entourage. Emmy a toujours vécu une vie misérable, exploitée par tous ceux qui l’entourent.

Le jour de ses 50 ans, Emmy laisse son conjoint violent. Elle prend la fuite, ce qui est cequ’elle sait le mieux faire. Fuir et oublier sont ses deux moyens de défense.

Avec ses maigres économies, elle prend l’autobus vers Joliette. Elle se trouve une pauvre chambre dans un sous-sol qui a des airs de taudis. Elle se donne le temps pour s’installer et s’adapter à sa solitude. Elle se promène dans un parc si beau, si attachant avec son canard. Puis elle cherche un emploi. Sans véritable formation, mais avec une vaste expérience comme femme de ménage et comme serveuse, elle devient préposée dans une résidence pour personnes âgées.

Sa vie va prendre une tout autre tournure surtout après sa rencontre avec Jacky dont elle doit s’occuper, une petite vieille pleine d’énergie malgré son âge avancé. Après une visite inattendue du fils sans cœur de Jacky, les relations entre les deux femmes vont s’approfondir. Elles soupent et jasent ensemble, mais c’est Jacky qui fait la conversation, Emmy reste fermée, se confiant peu.

Autre changement, après les avances de son propriétaire, Emmy fuit encore et se trouve une jolie chambre, chez madame Pépin une femme bienveillante qui veut gâter Emmy. Emmy ne veut pas la laisser faire, la bienveillance des autres la met mal à l’aise.

Tout en exécutant ses tâches à la perfection, Emmy fait de courts échanges avec Jacky, mais elle ne se livre pas. Souvent le sens de certains mots ou bouts de phrase lui échappe, surtout que Jacky est très critique envers l’hypocrisie du système, la lâcheté des gens, l’injustice, etc. Elle note ce qu’elle ne comprend pas dans son calepin pour y réfléchir.

Curieusement, depuis qu’elle a sa nouvelle chambre, qu’elle est entourée de gentillesse, les nuits d’Emmy sont agitées. Elle fait des cauchemars. L’automne passe, Noël aussi, et Emmy reste indifférente, c’est un temps comme les autres. Et pourtant des souvenirs enfouis remontent comme Mimine, la petite copine de l’orphelinat qui avait si froid. Elle se rappelle certains hommes qui ont traversé sa vie pour profiter d’elle qui sait ce qu’est le sexe, mais ne connaît pas l’amour.

 

Article paru dans le journal Ensemble pour bâtir, avril 2020.

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