À qui appartiennent "NOS" aînés?

Ainés

Par Julianne Pilon

Je suis tannée, et le mot est très faible, d’entendre l’expression « NOS AÎNÉS ». À près de 75 ans, est-ce que je peux m’appartenir à moi-même et non à un quelconque « nous » collectif ? Existe-t-il une expression plus inappropriée ? Est-ce si difficile dire les aînés, des aînés, les personnes aînées ?

Chaque fois que j’entends le fameux « nos aînés », je me sens dévalorisée, privée d’une partie de moi-même. Quand est-ce que le monde va réaliser que les aînés, en fait les personnes âgées, n’appartiennent à personne ? Ce sont des êtres humains, des personnes libres, indépendantes qui veulent garder leur dignité que ce fameux NOS leur enlève en partie.

Personne n’a le droit de dire « nos aînés », surtout de la manière dont ils sont traités. Ils représentent la tranche d’âge la plus victime de maltraitance sous toutes ses formes, d’intimidation, de fraude, d’abus. C’est aussi la tranche d’âge la plus pauvre, esseulée, en manque de respect et de considération, victime d’âgisme. Et c’est sans compter le manque de services. La Covid-19 nous a montré de quelle façon on peut traiter NOS aînés. Je ne parlerai pas plus de cette situation que je me réserve le droit de commenter plus tard. Je suis trop triste, trop en colère et pas assez bien et correctement informée. Je veux prendre du recul, alors peut-être en septembre.

Les personnes âgées n’ont en rien perdu leurs droits à cause de leur âge. Il faut les respecter. Ce fameux « nos aînés » crée l’impression diffuse qu’on peut les traiter comme on veut, allant du meilleur au pire. Après tout, ils sont à nous. Ces personnes sont en processus de vieillissement et méritent qu’on les laisse cheminer et ne pas les diminuer comme si elles ne s’appartenaient plus.

Quant à cette expression « aîné », elle est boiteuse. Elle n’est que le reflet de la peur de vieillir, d’être âgé, des baby-boomers. Le Petit Robert définit aîné ainsi : « personne plus âgée que telle autre ». Alors, aucun besoin d’avoir 65, 70 ou 80 ans pour être aîné. À peu près tout le monde est l’aîné de quelqu’un.

Alors, respectons les personnes âgées et laissons-les s’appartenir. Traitons-les avec dignité. Elles le méritent.

 

Article paru dans le journal Ensemble pour bâtir, sur le Web en juin 2020 et dans le journal papier de l'été 2020.

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