Refaire la côte sur la rue d'Évain

Côte sur la rue d'Évain

Par Diane Perron-Latour

Refaire la côte. Ça vous dit quelque chose ? Probablement pas, surtout si votre résidence n’est pas située sur la rue d’Évain. Vous savez cette section de rue jadis nommée l’avenue du Parc, renommée la rue Principale, devenue la rue d’Évain, la « Main » du quartier. Il y a une côte, une colline direction ouest vers le centre du quartier, une pente descendante vers le parc Victor. Pour nous, depuis 46 ans, c’est la côte.

Donc, sur la rue d’Évain, dans les jours suivant un orage ou une pluie abondante, on se réveille au son du déversement de gravier, de la pelle qui gratte et qui étend. Ce bruit nous fait grincer des dents, même après tant d’années. Somme toute agressant ce bruit, mais encore plus parce que c’est déconcertant. Un éternel recommencement, refaire la côte.

Il faut comprendre que les accotements ne sont pas asphaltés sur la rue Principale, pardon, la rue d’Évain. Ailleurs, oui, mais pas sur la rue d’Évain.

Donc, l’eau pluviale, si nécessaire à la terre, façonne ses rigoles, creuse ses tranchées, débarrasse l’encombrant gravier et le dégringole vers le bas de la colline. Ce gravier se ramasse au beau milieu de la chaussée, sur les pelouses des propriétés environnantes et dans les trous d’homme. Ces derniers nécessitent d’ailleurs un nettoyage régulier, mais ça, c’est en plus de refaire la côte.

Refaire la côte, c’est étendre du nouveau gravier, remplir les rigoles et niveler les accotements. Pas les accotements quelques mètres vers le village ou quelques mètres vers le parc, tous aussi crevassés d’un côté comme de l’autre, juste ceux de la côte. On ne s’occupe ni du gravier répandu sur l’asphalte ni du gravier répandu sur les pelouses des résidents.

On refait seulement la côte. Temporairement. Jusqu’à la prochaine pluie. Après, on recommence. Il faut encore et encore refaire la côte.

Combien de fois au cours des derniers 46 ans ? Honnêtement, je n’ai pas fait le décompte. Faites le calcul, considérez le nombre d’orages ou pluies abondantes entre le printemps et l’automne de chaque année. À chaque fois, la solution est de refaire la côte. Il faut y déplacer un camion, transporter du gravier, une niveleuse, en plus de cinq à sept employés. Ça gruge un budget refaire la côte.

La rue d’Évain, ex-rue Principale, ex-avenue du Parc, aurait pu avoir fière allure depuis fort longtemps ! Aurait pu... aurait dû...

On a privilégié refaire la côte à répétition !

 

Article paru dans le journal Ensemble pour bâtir, octobre 2019.

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