Véronique Doucet, un pas à la fois...

Véronique Doucet Véronique Doucet présente le mandala réalisé en collaboration avec l’entreprise Gauvin Récupération d’Évain. (Photo : Mélanie Hallé)

Par Mélanie Hallé

Le plus grand voyage commence par un pas proverbe chinois

Ainsi en est-il également pour ceux et celles qui œuvrent à changer notre monde pour le rendre meilleur. Parce que ces initiatives méritent d’être connues et supportées, l’équipe du journal vous présentera à chaque mois un projet ou une personne dont les actions contribuent au mieux-être de notre communauté ou encore un organisme à but non lucratif qui offre gratuitement des services aux gens d’ici.

À découvrir : Véronique Doucet

Pour débuter le bal, j’ai choisi une personne qui ne craint pas de nager à contrecourant, soit l’artiste Véronique Doucet qui m’a chaleureusement accueillie dans son atelier situé derrière chez elle dans le rang 8. Native d’Arthabaska, ville de la région Centre-du-Québec sise au pied des Appalaches, c’est le travail en forêt qui l’a amenée en Abitibi et depuis, elle n’est pas repartie. Elle y a planté des arbres et son cœur, puisque c’est au travail qu’elle a rencontré son compagnon de vie Éric Chamberland. Au tournant du millénaire, elle s’est installée à Évain et c’est maintenant à partir d’ici qu’elle mène son combat pour l’environnement.

Une artiste engagée

Pour ceux qui ne la connaissent pas, ses œuvres, que ce soit des peintures, des sculptures ou des performances, peuvent être caractérisée par deux traits : elles ont un côté esthétique séducteur et visent toutes à provoquer une prise de conscience. La séduction et l’esthétisme pour attirer les gens, le regard et le choc du message parce qu’il s’agit d’une étape de base nécessaire pour mener à une transformation. “Des fois, ça dérange ce que je fais, mais c’est comme ça qu’on se remet en question, puis c’est comme ça qu’on évolue en tant qu’être humain.

Elle est à l’origine de l’exposition “Mine de rien”, qui avait causé quelques remous en 2005. C’est également grâce à elle et au Conseil Régional en Environnement (CREAT) qui l’a appuyé dans ses démarches, que le parc à résidus miniers orphelin Aldermac a été restauré.

Ironiquement, c’est la forêt qui l’a menée à demander des comptes à l’industrie minière : elle cherchait une souche pour un projet et un de ses amis lui a indiqué le chemin pour se rendre à Aldermac en lui disant qu’elle allait trouver tout plein de souches là-bas. Pour ceux qui n’y sont jamais allés avant la restauration, croyez-moi, ce n’était pas nécessaire d’avoir la fibre environnementale pour être touché par l’étendue de la dévastation.

Elle a également déjà réalisé plusieurs projets artistiques dans les écoles dans le cadre du programme “La culture à l’école”. Finalement, elle est co-fondatrice, avec Isabelle Jacob et Jean-Claude Beauchemin, du Groupe Éco-citoyen de Rouyn-Noranda, un organisme qui vise à conscientiser les gens et offrir des formations et des solutions pratiques.

Prendre une pause pour mieux s’élancer

De toujours nager à contrecourant, ça peut finir par être épuisant. C’est ce qui l’a conduit en décembre 2009 et janvier 2010 à aller se ressourcer en Thaïlande et en Inde. Ce voyage lui a de toute évidence fait le plus grand bien puisqu’elle est revenue avec plein de projets. Avec son projet “Requiem Humaniterre”, elle a décrochée une bourse de 15 000 $ du fond de la culture et des arts en avril. Beau défi que ce projet : créer 12 œuvres d’art sous forme de mandalas*, à partir de résidus industriels, en collaboration avec 12 entreprises de différents secteurs. Gauvin Récupération d’Évain a d’ailleurs généreusement participé au projet. La difficulté d’un tel projet provient justement de sa complexité : “Il faut que je fasse un questionnement sur chaque œuvre. Je crée à partir de matières... Quelles matières que j’ai? Qu’est-ce que je fais pour ne pas que ça ait l’air d’un bac à recyclage? C’est plus difficile que je le pensais au départ.

De toutes les formes d’art qu’elle a utilisées, l’art performatif reste son préféré. “Ça interpelle plus les gens. J’ai l’espoir que ça va semer une petite graine.” En effet, assister à une performance force les gens à se positionner par rapport à ce qu’ils voient : tu aimes ou tu n’aimes pas, tu es en accord ou non, mais tu prends position. Le message transmis a donc plus d’impact. Sa dernière performance remonte au début d’octobre de cette année, dans le cadre de la cinquième biennale d’art performatif de Rouyn-Noranda.

De paneliste à juré

Récemment, elle a participé à titre de paneliste pour l’atelier “Changer le monde” lors du Rassemblement des organismes communautaires et des entreprises d’économie sociale qui s’est tenu à la fin octobre 2010 au lac Flavrian. Selon elle, le Rassemblement lui a permis de réaliser à quel point elle n’était pas toute seule à vouloir transformer le monde. Bref, ça redonne du courage pour la suite.

Par ailleurs, vous avez peut-être pu la voir vendredi le 5 novembre à l’émission Huis clos à Télé-Québec, émission qui portait sur l’exploitation des gaz de schiste. Fait intéressant avant d’entrer en studio, elle ne savait pas de quel sujet ils devraient débattre. Après avoir accepté l’invitation, elle a dû répondre à un formulaire d’une trentaine de questions sur divers domaines. C’est sur la base de ses réponses que les gens de Télé-Québec ont choisi pour quelle polémique elle serait juré.

Ce qu’elle retire de toute cette expérience? Tout d’abord, elle est contente d’avoir pu voir comment fonctionne toute la “machine” de la télévision. Elle a également été étonnée du respect qui régnait entre les participants, malgré des points de vues parfois fondamentalement opposés. De plus, de travailler avec Claire Lamarche, qui est un “véritable monument” du monde télévisuel québécois, a été pour elle une expérience inoubliable.

Et pour clore cette année chargée? Rien de moins que le projet de rouler à vélo pendant un mois, de décembre à janvier, sur la côte ouest américaine avec sa famille. Le but? Récolter des fonds pour le groupe éco-citoyen. À suivre sur Facebook...

La famille se prépare à un voyage en vélo...
La courageuse famille qui va rouler pendant un mois sur la côte ouest américaine pour le GÉCO : Fiona, Mahëva, Dahlia, Véronique, Éric et Isaak. (Photo fournie par Véronique Doucet)

Pour le futur?

Terminer Requiem Humaniterre? Pour le reste, ça dépend des projets qu’on va lui proposer ou de ce qui va l’inspirer. Si vous avez des idées, n’hésitez pas à lui en parler!

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*Mandala : Dans le bouddhisme Mahâyâna et le tantrisme, diagramme géométrique dont les couleurs symboliques, les enceintes concentriques, etc. figurent l’univers et servent de support à la méditation. Définition tirée du Petit Larousse 2000.
 

Article paru dans le journal Ensemble pour bâtir, décembre 2010.

Articles complémentaires :
Plantation d'arbres à Aldermac, parc à résidus miniers abandonné...
Véronique Doucet passe à l'Art Action...

 

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