Iris 0829B

Par Louiselle Luneau

Le 6 septembre dernier, je roulais en voiture pour un rendez-vous à Amos lorsque j’ai appris le décès de Mme Lise Payette sur les ondes de Radio-Canada. Elle est décédée le 5 septembre dans sa résidence et accompagnée de ses proches à l’âge de 87 ans. Quelle tristesse !

Pourquoi ? Parce que cette femme a été, pour moi, une femme de tête remplie d’audace, de ténacité et d’une telle détermination. À l’époque du talk-show « Appelez-moi Lise », durant les années 1970, elle menait le bal des entrevues et, à ses côtés, le faire-valoir était un homme. Quelle femme fascinante elle était pour moi.

Elle avait une voix douce et un rire fort délicieux. Elle pouvait se montrer taquine et même un peu roublarde, parfois, avec ses invités. On le lui pardonnait parce qu’elle était drôle, brillante et chaleureuse. Bien que regrettable, nous n’avons pas revu ce genre d’émissions sur les ondes de la télévision.

Je me rappelle lorsqu’elle a été élue députée du Parti Québécois dans le comté de Dorion, le 15 novembre 1976. Que de fierté j’ai eu pour cette femme qui entrait dans la vie politique dans un monde d’hommes. Je la trouvais vraiment courageuse. Par la suite, elle a accédé au conseil des ministres et elle était la seule femme autour de la table. Elle était une femme de convictions, qui a su tout au long de sa vie utiliser ses talents exceptionnels de communicatrice pour faire avancer les causes auxquelles elle croyait.

J’ai admiré la femme politique et elle n’a accompli qu’un seul mandat de 1976 à 1981, mais il fut bien rempli. D’abord ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions financières, elle revoit et élargit la protection du consommateur, dont les droits sont désormais régis par un code en bonne et due forme.

Ministre d’État à la Condition féminine, elle rédige une première politique globale « Pour les Québécoises : égalité et indépendance », elle étend l’accès aux garderies, supervise une réforme du droit de la famille et finance les centres d’aide aux femmes victimes de violence. Elle met aussi sur pied un bureau de la condition féminine dans 12 ministères et elle œuvre à la reconnaissance du statut de travailleuse pour les femmes collaboratrices de leur mari.

C’est aussi grâce à elle que les enfants peuvent aujourd’hui, depuis 1981, porter le nom de famille de leurs deux parents.

Son passage en politique sera surtout marqué par une réforme majeure et controversée : celle de l’assurance-automobile, qui élimine la notion de responsabilité lors d’un accident. « Pour la première fois de ma vie, je réussissais à faire l’unanimité contre moi » écrira Mme Payette dans ses mémoires. Parlant de mémoire, c’est elle qui fera remplacer sur les plaques d’immatriculation « La Belle Province » par « Je me souviens », en 1978.

En avril 1981, elle décide de ne pas se porter candidate au prochain scrutin. Elle veut retrouver sa liberté de parole pour promouvoir la souveraineté et souhaite reprendre le contact avec les femmes, loin des contraintes de l’arène politique.

Par la suite, elle se consacre principalement à l’écriture. Elle fonde sa maison de production et crée plusieurs téléromans. Il est difficile d’oublier le téléroman « Des dames de cœur », un téléroman aux traits sociaux et féministes. Cette série a voulu faire comprendre aux femmes le pouvoir qu’elles ont, le respect qu’elles méritent et également faire comprendre aux hommes que les femmes ne leur appartiennent pas et qu’elles ne sont pas leur objet.

Mme Payette a aidé tout au long de sa vie de nombreuses femmes d’ici à se tenir debout, à ne plus se sentir inférieures aux hommes. Lors de la tenue du sommet des femmes en 2016, elle continue de dire aux femmes que nous sommes nombreuses, capables et que nous avons la compétence pour occuper la scène politique tout autant que les hommes.

Elle s’est particulièrement engagée dans la défense de deux causes pour une grande partie de sa vie : l’égalité des femmes et la souveraineté du Québec. En conclusion, je veux continuer à me souvenir du travail acharné de cette femme pour la cause de nous toutes. Merci Lise Payette !

 

Article paru dans le journal Ensemble pour bâtir, octobre 2018.
Photo : Iris versicolore, emblème floral du Québec, par Louise Villeneuve.

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