Difficile de faire rire

Couleurs

Par Stéfanie Trahan

Depuis quelques années, j’utilise l’humour dans mes écrits lorsque je rédige des textes pour un gala, pour un spectacle amateur ou pour des articles. Je ne suis pas une humoriste et je considère que dans la vie, je ne suis pas plus drôle que la majorité des gens. J’aime tout simplement me servir de l’humour pour dédramatiser ou encore pour donner un autre point de vue sur une situation.

L’expérience m’a permis de me rendre compte que faire de l’humour et chercher à faire rire n’est pas simple, car malgré que tout le monde rit, personne ne rit des mêmes choses. Tout comme l’art, l’humour est très subjectif.

Il y a ces gens qui ne peuvent retenir un éclat de rire lorsqu’ils regardent des drôles de vidéos de personnes qui chutent, d’autres qui aiment l’humour plus vulgaire, d’autres qui aiment l’humour absurde ou encore ceux qui rigolent en visionnant des vidéos de chats. Il y a aussi des humoristes pour tous les différents types de publics, il y a des humoristes très populaires et d’autres que l’on aime détester et que malgré tout ce qu’ils vont faire, nous continuerons de les haïr.

Quoiqu’il en soit, ce qui est certain, c’est que les bienfaits du rire ne sont plus à prouver. Malgré tout, il m’apparaît de plus en plus difficile de faire « rire » de nos jours. Il faut faire attention à comment on le dit, de qui on parle et qu’on pense à ne pas froisser personne. Il y en a qui sont bons joueurs et qui acceptent en rigolant lorsqu’on parodie leurs travers et une situation, mais il y en qui deviennent rapidement susceptibles. En plus, ajoutons qu’il y a des humoristes qui ont comme marque de commerce de rabaisser et dénigrer les autres.

Toutefois, je trouve difficile de voir que maintenant, il est complexe de faire de l’humour et que bien souvent au lieu de se parler, le tout se règle à coup de dénonciations dans les médias et par des poursuites. Nous montons très vite aux barricades, peut-être pourrions-nous envisager une autre solution avant ! Et puis, lorsque nous faisons le procès de certains humoristes dans les médias en rediffusant le gag offensant, nous consacrons de l’attention et mettons les projecteurs sur cette personne. Un beau coup de publicité!

Je ne dis pas que nous devons garder le silence, je me demande simplement comment évaluer la liberté d’expression, comment juger ce que nous considérons comme de l’humour de mauvais goût. Nous avons tous un avis bien différent sur ce qui est drôle, alors comment établir des balises et qui doit s’occuper de les faire appliquer ?

Je me suis souvenue cette semaine de quelque chose que j’avais entendu sur la liberté et qui m’apparaissait sensé : ta liberté s’arrête là où celle de l’autre commence. Bref, un ne va pas sans l’autre, j’ai le droit de m’exprimer mais l’autre a le droit d’être respecté. Finalement, il est bien plus simple de faire rire en produisant des vidéos de chats, il y a bien moins de risque que ceux-ci s’en voient offensés !

 

Article paru dans le journal Ensemble pour bâtir, avril 2016.

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